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jeudi 10 juillet 2008

La démocratie est-elle soluble dans le nucléaire ?

Filed under: Politique, Science, Société — Jean-Luc @ 16:16

La société Socatri (« so » comme société, « ca » comme caca, « tri » comme Tricastin, probablement), filiale d’Areva a déversé par inadvertance (« Ah oui ? Ah ben non, j’avais pas vu ! ») 360 kg d’uranium dans la nature, à Bollène, du côté du Tricastin (entre Montélimar, ville du nougat, et Orange, ville du Front national), dans la nuit du 7 au 8 juillet. On ne sait pas trop où tout cela est parti : un peu dans le réseau des eaux pluviales, un peu dans le sol, sur place, un peu on ne sait pas trop où, et on ne saura probablement jamais car l’énergie nucléaire partage avec l’armée la culture du secret intégral : « Il n’ont pas à savoir tout ça ; ils sont trop cons et ils auraient trop les chocottes ! »…

Le nucléaire, c’est réservé aux experts. Aux gens qui savent ce qu’ils font. Comme le tir à balles réelles sur la foule venue assister aux journées « portes ouvertes » à Carcassonne.

Les unités utilisées sont d’ailleurs assez symptomatiques de l’absence (volontaire) de communication : on ne dit pas au bas peuple (qui n’y connaît rien et qui ne comprend rien) qu’on a perdu 360 kg d’uranium. On dit qu’il y a eu une petite fuite de 30 m3 d’effluents uranifères. « Uranifère » est un mot compliqué que personne ne comprend, et comme personne ne se rend compte non plus de ce qu’est un m3, personne n’a peur. À ceux qui exigent des précisions, on ajoute que le liquide contenait 12 g par litre d’uranium. Voilà qui est précis. Attention : surtout ne pas dire 12 kg par m3, la multiplication serait trop facile… 12 g, c’est vraiment rien, à peine un demi dé à coudre. Et voilà le bon peuple rassuré. Mais pour ceux qui ont appris, aux écoles, qu’un m3 c’est 1 000 litres, il est facile de faire la multiplication : 30 m3 = 30 000 litres ; et 30 000 x 12 g = 360 000 g, soit 360 kg. Un tiers de tonne !

« Secret défense ! » Le nucléaire est, comme l’armée, à l’exact opposé de la démocratie.

D’ailleurs, il a fallu plusieurs heures pour que la filiale d’Areva avoue cette fuite qui est donc restée cachée… un peu trop longtemps !
Si le bon peuple savait combien le nucléaire, comme l’armée, est soumis aux aléas des erreurs humaines, jamais il ne laisserait de telles activités se poursuivre ! Surtout dans les mains de sociétés privées dont le seul souci est le bénéfice : gagner plus, même sans travailler plus.

L’uranium est, faut-il le rappeler, un élément dangereux et toxique, au même titre que le trichloréthylène, le mercure ou les PCB (polychlorobiphényles), que l’on essaie de ne plus trop déverser dans le Rhône. En plus, l’uranium est radioactif, ce qui n’arrange rien, évidemment.

Les valeurs maximales de pollution préconisées par l’OMS ont ici été dépassées d’un facteur 1000, oui mais « pendant pas très longtemps » disent les responsables.

On croit rêver !

Jusques à quand les industries nucléaires seront-elles exemptées de rendre des comptes sur leurs activités, avec ou sans pollution, et seront-elles autorisées à garder un secret absolu sur leurs erreurs éventuelles, sous prétexte que si on tient les populations au courant, cela va créer des peurs paniques ?

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